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vendredi, août 11, 2006

Transition Mauritanienne du 08 juin 2003 au 03 août 2006

« Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues » Adolf Hitler

Cette citation, d’un autre âge, pourrait tout à fait s’appliquer aux discours du président du CMJD. Il l’a fait sienne partout ,dans ses conférences de presse, ses sorties médiatiques intempestives, au palais des congrès, dans ses tournées, dans ses campagnes. Hitler s’était limité à dire des choses stupides. Ely est passée à l’acte. Rien n’illustre mieux cet esprit que l’interview accordée, ou plus exactement commandée, à son hebdomadaire préféré Jeune Afrique, et que ce dernier publie dans son numéro 2376 du 23 juillet 2006, avec photo en couverture et un titre qui dit bien « Tout a changé sauf moi ».

Je crois que là, pour une fois, on peut le prendre au mot, notre président. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup changé, ou si peu. Il a juste un palais et un bureau plus grands que ceux d’à côté. Il ne rend plus compte qu’à lui-même. Il a tout le budget de la république pour lui tout seul, sans Deddahi dans les environs pour lui en disputer quelques miettes. De quoi donc monter de très bonnes mises en scène comme il les aime. Et il n’a pas perdu son temps notre James Bond. Il se découvre dès le matin du 03 08 même, où il fait croire à l’armée qu’il est en train de déjouer un coup d’état.

Crédules, les militaires se laissent faire, et lui obéissent comme s’il était le chef de l’état en personne. Mal leur en prit. Il se rendent compte trop tard, que le coup d’état en question était contre eux. Ils ont le choix entre la soumission ou le bain de sang. Les commandements obtempèrent l’un après l’autre. Mais l’armée n’est pas au bout de ses surprises pour autant. Elle qui s’était rendue pour ne pas rééditer le massacre du 08 juin, voit Ely, une fois au trône, dire que c’est lui qui a évité un carnage au pays. C’est que le grand moustachu a une devise en or: les autres jouent, mais c’est moi qui gagne. Les cavaliers du changement l’ont appris à leurs dépens.

Le matin du 08 juin, Ely était introuvable, injoignable. D’aucuns disent qu’il était au courant depuis plusieurs semaines du coup d’état qui se tramait , qu’il a laissé faire, qu’il l’aurait même favorisé. Il s’est éclipsé alors et suivait de loin la tournure des évènements. Dans tous les cas il se savait gagnant... Si le coup réussissait, il rejoignait les jeunes commandants rebelles, qui manquaient d’un haut gradé pour légitimer leur action aux yeux de leurs compagnons d’armes. Ely serait alors le sauveur qui a précipité la chute du tyran. Et si le coup d’état échouait, Ely savait à quel moment surgir dans l’autre camps pour reprendre sa place dans le dispositif. La dernière hypothèse fut la bonne.

Le soir du 08 juin Ould.Taya se trouvait à l’état major de la garde en train de diriger les opérations et n’arrêtait pas de demander à son fidèle aide de camp, le colonel Mohamed Ould Abdi de la tribu Oulad Nacer (la même que celle de Hanenna) de lui trouver Ely. Soudain vers 18 heures, alors que le putsch était déjoué, le portable de l’aide camps sonne. Ely est au bout du fil, et demande le président. L’aide de camp ne veut pas donner la position du président, selon les consignes de sécurité. S’engage alors une discussion plus ou moins rehaussée. Le président, qui écoutait, demande à son aide de camp : qui est à l’appareil ? celui-ci répond courtoisement que c’est Ely. Le président lui fait signe de lui passer la communication.

La première chose qu’Ely annonce alors à son chef c’est que celui-ci est assis au milieu même des putschistes, car lui dit-il, le coup d’état est dirigée par la tribu des Oulad nacer, celle-là même dont est issu votre propre aide de camp, et vous devez tout faire pour sortir de là où vous vous trouvez Mr le président. Ould Taya lève alors les yeux vers son aide camps, et le colonel Misgharou à ses côtés, cousin lui aussi de Hanena. Il n’arrêtera plus de les fixer du regard, tout en écoutant son fidèle Ely au téléphone. C’était le début de la disgrâce pour toute une tribu.

Dès cet instant Ely avait commencé a récupérer le 08 juin. C’était lui qui avait sauvé la république. Il en avait convaincu Ould Taya. C’était le début de la véritable transition ; celle qui mènera vers le 03 Août. Les auteurs du 08 juin ont joué. Ils ont perdu, c’est Ely qui gagne (Ely gagnera encore une dernière fois le 03 Août face aux gamins du 08 juin. Il les libérera sans frais, leur donnera un parti pour qu’ils fassent joujou avec, et il les transformera en agneaux politiques inoffensifs, bêlant avec le reste du troupeaux). La transition vers le trois août commence par le ménage autour de Ould Taya lui-même. Il fallait faire le vide autour de lui et Ely ne s’y est pas pris par quatre chemins. Il s’applique d’abord à le séparer de l’un de ses plus fidèles soutiens ; la tribu Oulad Nacer, qu’il dégommera minutieusement de tous les postes d’importance.

Cela commence par l’aide de camp bien sûr, puis le gouverneur de Nouadhibou Ould Rzeizim fidèle parmi les fidèles de Ould Taya (vendu par Ould Adda, homme à tout faire d’Ely), en passant par la ministre Mintata Mint Hedeid, le Président de la cour suprême, les directeurs, les hauts cadres, sans parler bien entendu des militaires. Ely ainsi faisait d’une pierre deux coups. D’une part, il coupait Ould taya de ses soutiens traditionnels, en le mettant à mal avec l’une des tribus qui lui sont les plus indéfectibles, mais à travers elle, ce sont toutes les régions de l’Est qu’il réussit à monter contre le président. Ensuite Ely fait ainsi habilement de la place aux siens, en se débarrassant des Oulad Nacer qui étaient les principaux rivaux des Oulad Bousbaa dans la proximité immédiate de Ould Taya. Tous les autres proches quelque soit leur appartenance tribale ou régionale ont été soigneusement évincés.

La tribu d’Ely était désormais seule autour du président (Le directeur de la sûreté, le directeur du cabinet présidentiel, la garde présidentielle, la directrice du cabinet de la première dame, le patronnat, la chambre de commerce, les hommes de confiance, voire les serveurs et cuisiniers, tous étaient Oulad bousbaa). Une fois cette aparté présidentielle assurée, Ely avait encore à monter l’opinion contre Ould Taya. Rien de plus simple pour notre grand Moustachu. Les élections présidentielles approchant, il commence par inventer un complot, pour mettre en prison le candidat le plus en vue ainsi que tout son staff (je cite Haidalla). Ould Taya insistera tout de même pour qu’il ne soit privé de son droit de vote. C’est tout ce qu’il a pu obtenir de son puissant directeur des renseignements, signe, s’il en est, que Ould Taya ne dirigeait déjà plus.

Depuis juin 2003, Ely était le véritable régent de la république. Tout ce que le président entreprend dès ce moment est systématiquement saboté par Ely. La lutte contre la corruption, contre la pauvreté, contre la mauvaise gestion, l’analphabétisme, la campagne du livre. Toute ces bonnes idées sont tournées en une énorme mascarade par Ely lui-même, transformées en autant d’occasions de faire allégeance, sinon gare aux BR d’Ely qui font et défont les carrières.

Ensuite, Ely s’en prend à la mouvance islamiste. Pas n’importe lesquels, il vise en premier les uléma, subsidiairement quelques salafistes notoires, pour créer l’amalgame. Le but là encore est double. D’un côté il vise l’opinion publique nationale, très attachée comme tout le monde sait à ses ulémas, mais il veut aussi provoquer la réaction des plus durs parmi les plus dures ; autrement dit les djihadistes. Ces arrestations, couplées avec la torture, qu’on s’arrange par tous les moyens à passer dans la presse avec photos à l’appui, ainsi que des violences policières dont été victimes des personnes, pour la simple raison de porter des vêtements « inaccomodants », tout cela associé à des incursions musclées de la police, dans les mosquées, pour arrêter des imams en pleine prière.

Tout cela donc, participait à un appel délibéré à l’attaque terroriste. Attaque qui finit par se produire à Lemgheyti, dirigée par Belaouar en personne, qui fit une vingtaine de morts et autant de blessés. Ely n’en espérait pas tant, il était littéralement aux anges. Cette attaque est l’occasion de nouvelles arrestations, et autant de tortures et d’exactions. Ely en profite, pour noyauter le GSPC par un de ses cousins du nom de Ould Semane. Celui-ci fournit les renseignements qu’il faut à son cousin Moustachu, et ce dernier peut s’en prévaloir auprès de Ould Taya. Plus tard Ely s’arrangera pour faire évader de prison sa taupe de cousin, après que celui-ci ait livré ses camarades restés en détention.Deux ou trois autres dossiers font l’objet d’une attention particulière, et sont savamment agités depuis l’étranger par des agents notoirement au service d’Ely, et cela se saura clairement après le 03 Août. L’un est destiné à l’opinion publique arabe, les autre à couper Ould Taya de ses soutiens occidentaux, accessoirement le brouiller avec les africains. Il s’agit des relations avec Israel, le dossier des réfugiés, et la question de l’esclavage. Ould Taya était donc mûr pour le 03 Août, ou plus précisément pour l’inauguration de l’aéroport de Néma, prèvue le 24 du même mois, car c’est à cette date que le 03 Août devait avoir lieu. Tout absolument était prévu. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un génocide, avec le massacre de toute la délégation présidentielle au programme. Tout serait mis sur le compte de Belaouar encore une fois. Ould Taya ne doit aujourd’hui d’être en vie qu’à la seule Baraka divine, qui finalement, il faut le croire, ne l’a jamais abandonnée.

Advint le 03 Août, et Oedipe tua son père. Une seule chose a changé : Ould Taya est parti et n’est plus revenu, comme titre un célèbre feuilleton arabe, Kharaja welem ya’oud. Ely lui n’a pas changé, comme il l’atteste à son journal jaune : il continue a monter des scénarios. Il commence par expliquer que ce qu’il fait n’est pas un coup d’état mais un simple redressement. C’est à peine s’il ne dit que son coup d’état était inscrit dans la constitution, elle-même, et qu’il n’a, à ce titre, rien à se reprocher. Mais Ely connaît son auditoire. Il parle à des politiciens auxquels il suffit de promettre la présidence pour les voir tomber raides inanimés. Ces politiciens sont des dirigeants de partis, des fois des chefs d’organisations civiles, des fois des avocats, des fois des journalistes, des fois chefs traditionnels ou religieux ;mais ils ont tous un point commun : l’amour irrésistible des sièges vides. Et justement Ely leur fait croire que le siège qu’il occupe est vide- ce qui du reste n’est pas tout à fait faux- et qu’il y a beaucoup d’autres sièges vides à remplir pendant et après la transition.Pour l’heure, il avait besoin de leur aide, pour faire agréer son coup par la communauté nationale et internationale. Le silence politique est total. Il est même assourdissant.

S’ensuit alors un incroyable carnaval, à l’usage des délégations étrangères, venues s’enquérir de la situation. Carnaval dont, sont soigneusement écartés, ceux qui ne sont pas de la partition. Le premier acte de la mise en scène peut s’exécuter. Haro sur Ould Taya. La mauvaise gestion de l’économie, c’est lui. Les atteintes graves aux libertés, c’est lui. Les coups d’état, c’est lui. La guerre du Sahara, c’est lui. La fraude aux élections, c’est lui. Les détournements, la déliquescence des services de l’état, c’est lui. Les emprisonnements, les exactions au sein de l’armée, et les purges, c’est lui. Le passif humanitaire, c’est lui. Les relations avec Israël, c’est lui. La perte des valeurs, la police décadente, c’est lui. Les magouilles et les pots de vins, c’est lui. L’esclavage, le sous-développement, le sida, c’est lui. La sécheresse, c’est lui. La délinquance, l’insécurité, l’alcool, la drogue, le blanchiment d’argent, c’est lui. Tevragh-Zeina, les belles voitures, les belles villas, c’est lui. Les bas salaires, les prix, c’est lui. Les troupeaux de chameaux, c’est lui. Les chèvres, les ânes, les chiens, qui déambulent en ville, c’est lui. Les ordures, c’est lui. Enfin bref, Ould taya n’existerait pas qu’on devrait tout simplement l’inventer. Une personne, une seule, qui fait tout cela à la fois, reconnaissons-le au moins, est tout sauf ordinaire. Ely a trouvé le filon. Tout ce qui marche c’est moi. Tout ce qui ne marche pas c’est lui. Mais le problème justement c’est que rien marche plus, même ce qui marchait avant sur la tête, comme a dit Ely à son confident François Soudan. Là aussi Ely a trouvé la sinécure. Cela ne fait rien que rien ne marche plus, l’important est de faire croire. Et là, rien de tel que les mises en scène ,médiatiques cette fois. Ely découvre les médias, à sa manière. Celle d’un grand marionnettiste de l’ombre. Et il arrive à leur faire faire tout ce qu’il veut ou presque.Cela commence d’abord par faire croire que tout le monde soutient. Des défilés de quelques centaines de personnes tout au plus sont présentés comme des déferlantes humaines, les gros plans de TVM aidant. L’article 104 de la constitution est glissé dans la nouvelle constitution sous un autre numéro, et le voilà disparu . Les infrastructures laissées par l’ancien sont inaugurées par le nouveau, lors de ses visites. On s’abstient bien de mentionner qu’elles ne datent pas d’aujourd’hui, toujours pour faire croire. La dette n’est pas annulée, c’est la faute de l’autre. Quant elle est annulée, c’est grâce aux grandes Moustaches bénites d’Ely. Même si la Mauritanie a figuré sur la liste des pays bénéficiaires bien avant le trois Août, et bien après que la Banque Mondiale ait pris connaissance des prétendus faux chiffres. Elle aurait pu, ne pas nous intégrer à sa liste dès le départ, si les faux chiffres étaient la vraie raison de son refus soudain d’annuler.La vérité, c’est que Ould Taya avait réussi à se libérer du joug de la BM, parce qu’il avait compris, qu’aucun pays au monde, ne s’est jamais développé grâce aux financements de cette institution. Il avait compris que le développement passe par l’investissement privé étranger, et que c’est celui-là qu’il faut attirer. Et il avait réussi à l’attirer cet oiseau rare. Plus d’un milliard de dollars d’investissements privés étaient aux portes du pays, à la veille du 03 Août. On ne trouvait plus de places dans les hôtels, plus de villas à louer. Les avions étaient bondés d’hommes d’affaires étrangers. La BM le savait et faisait profil bas avec O.Taya. Depuis le 03 Août, il faut user de force-persuasion, pour amener un investisseur étranger à passer quelques heures en Mauritanie. C’est que les capitaux privés, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne craignent rien plus que les coups d’état. C’est vrai que nous sommes revenus dans les faveurs de la BM aujourd’hui, si tant est que cela est un motif de fierté, ou un gage d’avenir meilleur. Nous avons perdu plus d’un milliard de dollars en espèces sonnantes et trébuchantes de fonds privés gratuits. En contre partie nous avons épongé 830 millions de dettes déjà consommées, et qu’il nous faudra contracter à nouveau. Autant la BM n’insistait pas avec O.taya, parce qu’elle savait qu’il avait d’autres recours, autant elle était pointilleuse avec Ely, parce qu’elle sait qu’il n’a pas d’autres le choix.Pour la petite histoire, la BM accorde aussi des prêts à la Corée du nord, la Birmanie, la Mongolie, qui ne sont pas des modèles de démocratie ou de bonne gouvernance. Mais qu’à cela ne tienne. Ely voulait tirer sur l’autre, et il l’a fait, chiffres à l’appui. C’était suffisant pour que notre nouvel asservissement à Bretton-Woods soit présenté comme une victoire, l’équivalent de notre nouveau jour de libération nationale. C’est à peine, si on a pas organisé une cérémonie de levée des couleurs, suivie d’une retraite au flambeau pour cette grande date historique.Ely n’oublie pas de faire dire à ces ministres que le cours de notre monnaie nationale est remonté à cause du 03 Août et ses chiffres vrais. Essayant de cacher que de nouveaux billets de banques avaient été mis en circulation, en remplacement des anciens, quelques mois seulement avant le 03 Août, et que c’était une recommandation des experts, dont ceux de la BM, pour stopper la chute de la valeur de l’ouguiya. La coïncidence c’est que le 03 Août est survenu juste au moment où cette mesure commençait à porter ses fruits. Mais la mise en scène continue.Arrive le tour de Woodside, qui est le seul opérateur privé étranger qui ait investi substantiellement dans notre pays depuis notre indépendance. Ely a le couteau à la gorge, à cause de son isolement international, et manque cruellement de sous pour financer sa super production de l’été. Il demande à Woodside de lui verser 100 millions de dollars. Woodside finit sous la contrainte par accepter un accord. Elle lui versera les 100 millions demandés, mais en contrepartie, elle arguera de problèmes techniques qui l’obligent à baisser sa production de moitié, le temps pour elle de recouvrer les 100 millions versés, en récupérant notamment, par des voies quelle est seule à maîtriser, la moitié de production non déclarée. Une des astuces de Woodside est d’envoyer des tankers entiers sous forme d’échantillons. Elle a déjà envoyé, à ce jour, trois ou quatre cargaisons de ce type, dont la valeur dépasse largement le bonus versé. Mais Ely n’en a rien à faire, il voulait les 100 millions et il les a obtenu. Là aussi, on ne manqua pas de célébrer une grande victoire sur l’ancien.Le haro continue. Vient le tour des accords de pêche. Ely veut jouer les durs, sans en avoir les moyens. Il commence à dicter à l’UE ses conditions. Celle-ci prend son temps, elle en a vu d’autres. Le temps passe et Ely est pressé. Il finit par comprendre qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de ce côté-là. Les accords sont finalement reconduits à la virgule prêt, ou peu s’en faut. L’UE fait pêcher 20 bateaux de plus sans contrepartie. Mais Ely n’en a cure, il joue les chiffres, et c’est tout ce qui lui importe ; annoncer des chiffres plus grands que l’ancien. La victoire là aussi fut folklorique.Entre-temps, Ely passait d’autres licences, pour son compte celles-là, mais toujours pour faire croire. Licences privées cette fois. La recherche pétrolière, les mines, les télécommunications. Là, on veut faire croire que des investisseurs étrangers accourent, grâce au coup d’état miraculeux du 03 Août. Un conseil de ministre sur deux est consacré à distribuer des licences, céder des terrains à BSA, parrain du 03 Août, cousin d’Ely, et argentier de la tribu. Des permis de recherche pleuvent sur BSA, et les partenaires étrangers de la tribu, quelques émirs et de bien douteux soudanais notamment. Enfin, Ely s’adjuge lui-même la troisième licence de téléphonie mobile, sans autre forme de procès. Tout cela dans la transition et la transparence la plus convenue. C’est bien sûr une victoire sur « roumouz el vessad » (comme aime à les appeler notre presse arabophone) c'est-à-dire les symboles du détournement, entendez la parenté de l’ancien président et tous les riches qui ne sont pas Oulad Bousbaa ou apparentés.De ce côté-là aussi, Ely n’a pas perdu de temps. Tout ce que compte l’appareil d’état comme cadre appartenant à la tribu de l’ancien est débarqué sans ménagement. Bien entendu il ne s’agit là d’aucun règlement compte parce qu’il faut quand même le croire notre grand moustachu. Les tribus ou régions soupçonnées de sympathie avec Ould Taya ou sa tribu font l’objet du même traitement, là aussi aucun règlement de compte rappelez vous-en. Depuis le 03 Août on a décompté plusieurs centaines de limogeages et licenciements, entre ministres, ambassadeurs, magistrats, directeurs, conseillers, chefs de services, et jusqu’aux simples employés, et on oublie les militaires. Et le ratissage continue. Aucune haine ne le sous-tend dites-le, vous bien. Tout cela, bien sûr, au nom de la bonne gouvernance. Cette même bonne gouvernance qui aura distribué à la fin des 20 mois de la transition un milliard d’ouguiya en salaires à dix sept colonels, sans compter toutes les autres petites choses que ces colonels s’arrogent eux-mêmes et à côté desquelles leurs salaires sont des misères tout juste bons à être distribués en pourboires.Depuis quelques mois, la chasse aux smassid et les sympathisants de l’ancien prend une forme plus ouverte. Les hommes d’affaires de cette frange sont systématiquement écartés des marchés juteux, ils sont l’objet de tracasseries, d’intimidations. Quelque fois des menaces, à peine voilées, leurs sont adressées. Un registre sur lequel Ely sait jouer à merveille, sans en donner l’air. C’est comme pour la torture et les exactions. Tous les torturés vous diront qu’Ely ne les a jamais torturés en personne, bien que tout le monde sait qu’aucun acte de ce genre ne se fait sans son ordre. D’ailleurs Ely n’a pas oublié de passer la consigne à la succession. Et ainsi des torturés, il y en a eu tellement depuis le 03 Août. Les derniers en date sont justement des parents de l’ancien président. On leur reproche d’avoir tenté un coup d’état. Ils ont été torturés sauvagement. Leur histoire, et le chef d’inculpation retenu contre eux, me rappelle une affaire qui avait défrayé la chronique ici, en France, dans le milieu des années quatre vingt. Il s’agit de trois maghrébins et deux africains qui ont été arrêtés pour un crime soi-disant abominable. Ils ont été retenus plusieurs jours à la police, puis déférés en justice. Devant le tribunal ont présenta l’arme du crime ; un coutelas. Puis, on présenta le corps du délit ; un mouton égorgé, conservé comme il se doit à la morgue. Puis on présenta les mobiles du crime ; cérémonie rituelle non reconnue, et acte de barbarie. Les pauvres avaient simplement égorgé un mouton dans leur maison, pour fêter l’Aid Elkébir. Ils ne pensaient pas que cela nécessitait une autorisation. Leur seul crime était d’avoir accompli leur devoir, comme tout bon musulman qui se respecte. Imaginez maintenant qu’on les ai conduit devant le tribunal sans le mouton sorti de la morgue, sans le coutelas, et sans même un témoin. Qu’on les juge tout simplement parce qu’on pense qu’ils ont pensé égorger un mouton. C’est pourtant ce qui est en train de se passer pour les cinq parents du président actuellement en prison. Et cela s’appelle la réforme de la justice, dans un grand manège appelé transition, dirigé par un grand marionnettiste de l’ombre appelé Ely Ould Mohammed Vall. Tournez manèges, Ely est toujours là, et il n’a pas changé.Mohamedene ould khatry

2 commentaires:

  • Je reconnais pour une première fois un mauritanien honnête et intelligent qui a exactement identifié le mal dont nous souffrons pour le moment.

    Bravo cher ami

    Par Anonymous Anonyme, À 11 août, 2006 18:35  

  • Excellent ce post.

    Merite vraiment d'etre medité et discuté.

    Il demontre que nous avalons presque tout ce que les medias officiels et les peshmergas nous servent.

    Personnellement je suis sûr que les analyses et renseignements fournis sont correctes à 90%. J'ai quand même des doutes sur cette histoire de Lemgheity.

    Salam

    Par Anonymous Anonyme, À 06 septembre, 2006 03:59  

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