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mercredi, août 23, 2006

legalite democratie

Notre histoire contemporaine, nos valeurs.
Un message Internet récent, et intitulé « Frères d’armes », a retenu mon attention. L’auteur parle de notre manie, à nous autres mauritaniens, de nous débarrasser trop rapidement de notre histoire récente, et de ceux qui parmi nos dirigeants, l’ont faite. L’auteur, sorti tout droit d’outre-tombe, touche là, une plaie qui, à mon sens, mérite d’être soignée, pour notre mémoire commune, pour les générations futures. Il s’agit du crédit que nous devons accorder à nos dirigeants, à ces hommes, qui ont, chaqu’ un, dans une conjoncture donnée, mis une touche dans l’architecture de notre chère nation. Je souhaiterais qu’il soit le point de départ, d’un débat sur l’histoire récente de notre pays, débat auquel je convie nos intellectuels, nos hommes politiques, nos érudits. Nous devons en faire un débat franc, sans autre but qu’établir la vérité, pour que notre histoire s’écrive dans la continuité. Elle ne doit pas être un éternel retour à l’An I après chaque changement de régime. Elle ne doit pas être l’histoire du vainqueur, plus exactement, pour que le vainqueur soit toujours la Mauritanie et non une personne ou un groupe de personnes, pour que nous assumions notre patrimoine commun dans son ensemble, pour que nous ne soyons pas à chaque fois, obligés d’en taire une partie, sous prétexte que son héros a perdu le trône.
S’il y a quelque chose, pour lequel la Mauritanie s’est battue jusqu’au bout, c’est bien son indépendance, puis sa souveraineté. C’est le seul bien sur lequel aucun des chefs d’état qui ont dirigé notre pays, n’a jamais voulu faire la moindre concession. Mokhtar Ould Daddah s’est battu jusqu’à la dernière énergie, pour défendre l’indépendance de la Mauritanie, à telle enseigne qu’il en fit son seul et unique combat. D’abord pour traduire dans les faits cette indépendance, devant une France qui voulait maintenir indéfiniment sa tutelle sur la Mauritanie, même libre. Ensuite contre les revendications du grand frère marocain, qui ne voulait pas entendre parler de notre existence en tant qu’état, et essaya, par tous les moyens, de faire avorter notre projet national, avant de renoncer à la fin. Contre le paternalisme Sénégalais aussi, qui ne voulait voir en la Mauritanie que l’ancien territoire de l’AOF sous administration Saint-Louisienne. Le Sénégal continuait à considérer que nos populations de la vallée sont sénégalaises, et s’ingéra à ce titre, plus d’une fois, pour empêcher leur complète intégration, afin de pouvoir toujours les utiliser comme appendice de ses intérêts en Mauritanie. Enfin, contre les revendications territoriales maliennes, aux débuts des indépendances. Le Mali (anciennement Soudan Français) n’avait pas encore, totalement digéré le retour des deux Hodh à leur mère patrie, la Mauritanie. A la chute de Mokhtar Ould Daddah en 1978, l’indépendance de la Mauritanie, n’était plus contestée par aucun de ses voisins. Cela avait un prix bien sûr : le père de la nation, obnubilé par notre reconnaissance internationale, s’était beaucoup plus consacré à la bataille extérieure, qu’à la bataille intérieure. On connaissait beaucoup Mokhtar Ould Daddah à l’étranger, mais on ne connaissait pas encore la Mauritanie. On ne connaissait de la Mauritanie à l’extérieur que Mokhtar Ould Daddah lui-même. La Mauritanie, pour sa part, ne pouvait être réellement connue que si elle se développait et s’affermissait de l’intérieur, puis s’épanouissait vers l’extérieur. Autrement dit, si elle se départi du mythe du trait d’union, -ce point neutre, qui lui a commodément, été accolé, pour se remettre à jouer le rôle de rayonnement culturel arabo-islamique, qui a toujours été le sien de tous temps. Mais Mokhtar n’avait d’autres choix, dans cette étape décisive de l’existence de notre pays, que jouer son prestige personnel. Pouvait-il faire autrement ? assurément non. Le bâtisseur de l’état mauritanien moderne avait fondé sa philosophie sur ce mythe bien utile à l’époque, parce qu’il n’avait pas d’autre arme. Hors, la survie de la Mauritanie ne saurait se concevoir sans la perpétuation de ce rayonnement culturel civilisateur, qui est le ciment fondateur de son histoire et de son identité même. Ce rayonnement, qui, avant la pénétration française, avait porté son influence bien au-delà des frontières de la Mauritanie actuelle, dans les profondeurs de l’Afrique, et outre-Afrique. Le mythe du trait d’union, bien que reprit par le fondateur de l’état Mauritanien contemporain, qui y trouvait beaucoup d’avantages diplomatiques, dans sa quête incessante de reconnaissance, est en vérité un concept d’inspiration coloniale. La France l’avait subrepticement introduit dans l’esprit de nos premiers dirigeants, afin d’instaurer une dualité identitaire de fait, autant pour inverser l’influence dans le sens AOF vers la Mauritanie - au lieu du contraire qui prévalait avant-, que pour créer les germes d’une division intra mauritanienne qui serve ses intérêts néocoloniaux. Mokhtar Ould Daddah avait, en toute bonne foi, joué allégrement de ce concept. En avait-il bien mesuré les dangers véritables ? Ce qui est sûr, c’est qu’il l’a fait en toute bonne foi, pour s’attirer le soutien des jeunes états africains indépendants d’une part, soutien qui fut déterminant à notre adhésion à l’ONU, puis ensuite, il voulait se prévaloir de son aura africaine pour se faire accepter à la ligue Arabe, qui lui fermait encore ses portes. Cette ligue Arabe qui se livrait à une course vers les nouveaux états africains, qu’Israël courtisait déjà avec succès depuis longtemps, et avait besoin des excellentes relations que Mokhtar entretenait avec la plupart des états du continent noir, particulièrement, les jeunes républiques issues de l’AOF. La ligue arabe acceptera aussi la Somalie de Mohammed Siad Barré en son sein, dans le même objectif, mais sans le même succès. Mais elle ne considérait pas la Mauritanie plus arabe que la Somalie, notamment parce que les délégations de ces deux pays, utilisaient encore des interprètes, pour communiquer avec leurs homologues lors des sommets de la Ligue, ce qui était pour le moins paradoxal. Cela fit dire plus tard, à un célèbre journaliste égyptien, qui n’a connu de la Mauritanie que Mokhtar Ould Daddah, « l’africain », et les conditions qui ont présidé à l’adhésion de notre pays à la Ligue Arabe, que « la Mauritanie et la Somalie ne sont pas des pays arabes ». Ajoutez à cela que dans notre pays, les discours officiels, les campagnes électorales, les meetings populaires, l’administration, l’armée, les télécommunications, tout cela se faisait quasi-exclusivement en langue française, jusqu’au coup d’état de 1984. C’est que la colonisation française en Mauritanie, était avant toute chose, une colonisation culturelle, car la Mauritanie ne possédait en réalité qu’une seule richesse ; c’est son rayonnement culturel, et il fallait l’en dépouiller. Au moment de l’indépendance, la Mauritanie avait perdu son identité arabo-islamique. La France l’avait définitivement rattaché à son giron francophone africain. Elle tolérera à Mokhtar toutes les libertés, tous les écarts, par rapport aux intérêts français, mais la ligne rouge à ne pas dépasser, était celle de la langue française. Mokhtar avait bien voulu rendre un peu de son identité arabo-islamique à la Mauritanie, en introduisant timidement, l’enseignement de la langue arabe, mais il ne s’agissait au meilleur des cas, et à très long terme, que hisser la langue arabe au niveau de la langue française. Jamais il n’osa parler de faire de la langue arabe, la langue du pays, encore moins d’en faire la langue de travail du gouvernement et de l’administration. Au moment de la chute de Ould Daddah, la Mauritanie avait tout juste 18 ans. Jusque là, elle avait vécue dans l’innocence, presque dans l’insouciance. Elle était passée dans ses premières années par l’étape de l’enfance, où des tuteurs s’occupaient de subvenir à ses besoins les plus vitaux, et lui assuraient défense et protection. Elle connut l’âge studieux de l’écolier enthousiaste qui fait ses premières leçons, lie ses premières amitiés de classe, avec les camarades du même âge et du même quartier, sans trop s’occuper de savoir qui est qui vraiment. Puis elle eut sa crise d’adolescence, avec la guerre du Sahara, où innocemment, elle voulu jouer au grand avant l’âge. Elle faillit ne pas en ressortir. En 1978, la Mauritanie, 18 ans, était majeure. Elle avait tous ses papiers en règle, et personne ne lui contestait plus son droit. Mais en même temps, la Mauritanie accédait à l’âge difficile, cet âge où se pose avec le plus d’acuité, le problème de l’identité. En un mot, c’est le moment pour notre pays de s’affirmer, et la Mauritanie ne peut le faire sans recouvrer sa vraie personnalité. Le trait d’union convenait bien tant que la Mauritanie était encore en bas âge, car c’est la propre de tout enfant d’être un trait d’union ; un point de rencontre entre deux tuteurs. Vouloir continuer à considérer la Mauritanie comme un trait d’union, c’est tout simplement lui contester le droit de grandir, sous prétexte que cela comportait des dangers mortels pour elle. Mais un destin ne se fuit pas, et la Mauritanie n’a d’autres choix que d’assumer le destin que l’histoire lui a laissé en héritage. De 1978 à 1984 la Mauritanie est prise d’hésitation, elle est indécise. Elle ne sait sur quel choix se fixer. Elle est tiraillée, entre les tenants de la théorie du trait d’union éternel d’un côté, de l’autre, les souverainistes, qui soutiennent que l’indépendance laborieusement acquise de la Mauritanie ne lui sert à rien, tant que celle-ci n’aura pas renoué avec son héritage arabo-islamique. Puis, il y a enfin, ceux qui développent des idéologies moins proprement mauritaniennes. Durant six ans, la Mauritanie n’avait presque pas évolué sur cette question, à cause des guerres de leadership, et des tendances politiques adverses qui se disputaient le pouvoir. Aucun président ne se maintiendra suffisamment, pour parfaire l’œuvre du père fondateur. Durant cette période de tiraillement intense, la langue française continua à régner sans partage. Les discours officiels se faisaient encore en français. La justice, la police, l’armée, l’enseignement, la santé, les télécommunications, les entreprises, les banques, l’état civil, partout le français régnait encore en seigneur absolu. En interdisant l’enseignement de l’arabe aux populations noires de la vallée pendant la colonisation, la France visait à couper culturellement nos populations du sud de celles du nord. Elle pourra ainsi continuer à les utiliser comme tête de pont de l’influence française en Mauritanie, soit directement, ou via le Sénégal. A la fin de l’année 1984, émerge en Mauritanie, contre toute attente, un pouvoir qui va se maintenir 20 années d’affilées. C’est pendant ce règne que la Mauritanie recouvrira, contre vents et marées, sa pleine souveraineté. Timide et conciliant au départ, le nouvel homme fort de la Mauritanie, s’avérera intraitable sur la double question de la souveraineté et de l’identité arabo-islamique de la Mauritanie, ainsi que sur l’indépendance, chère au père de la Nation. Il ne fera sur ses questions aucune compromission, et se montrera d’une intransigeance et d’une combativité qui en dérouta plus d’un. Les pays qui, au départ, avaient pris sa timidité apparente pour de la faiblesse, et voulurent en tirer avantage, en eurent pour leur mépris. C’est sous ce règne, que la langue arabe ressuscite enfin, que l’islam est réinscrit sans équivoque dans la constitution mauritanienne. Les mosquées et les imams seront entièrement pris en charge (pour la première fois depuis l’indépendance), l’enseignement traditionnel financé à grande échelle, ses ressortissants formés dans des instituts et centres professionnels nationaux puis intégrés dans l’administration ou les entreprises. L’enseignement de la langue arabe est rendu obligatoire pour tous les citoyens mauritaniens, sans distinction de race ou d’origine. Les discours officiels sont systématiquement lus en arabe. L’arabe est désormais la langue de l’administration, l’armée, l’état civil, les documents officiels, et jusqu’à la dénomination des régions et préfectures qui deviennent Wilayas et Moughataa. La Mauritanie retrouve son âme, se réconcilie avec elle-même, avec son histoire. Bien entendu, la France ne l’entend pas de cette oreille, et tente encore une fois, d’utiliser une partie de nos populations contre l’autre, par le biais du Sénégal toujours. Un petit groupe d’intellectuels mauritaniens, issu de la vallée, et notoirement lié à la France et au Sénégal, essaye de faire croire à nos populations de la vallée, que cette arabisation est dirigée contre les noirs de Mauritanie, et qu’ils devraient s’y opposer par tous les moyens, y compris par la force. Ce petit groupe, tentera de renverser le régime, pour instaurer une république à caractère racial. Ayant échoué, il finira par prendre les armes et essayer de faire sécession. Là aussi échec. Nos populations du Sud ne se sont pas laissées entraîner par ces extrémistes. Elles ont compris que l’enseignement de l’arabe n’est pas plus aliénant pour leur culture que l’enseignement du français. La France et le Sénégal continueront à entretenir propagande et agitation contre la Mauritanie, qu’ils qualifient, par mouvements politiques interposés, d’état raciste, fasciste, esclavagiste. Mais la Mauritanie une fois encore, tiendra bon. Elle fera face à toutes les épreuves, toutes les menaces, et elle en a vécu beaucoup en vingt ans. En vingt ans, tous les pays, proches ou lointains, ont appris à respecter, quelque fois même,à craindre, la Mauritanie. Elle transigeait sur tout sauf, son identité, ses intérêts nationaux. En vingt ans elle avait retrouvé son rôle, son identité, son indépendance réelle, en un mot sa souveraineté. Non seulement elle avait retrouvé son souffle arabo-islamique, seul ciment de son peuple, qu’il soit noir ou blanc, mais elle recommençait à porter la langue arabe et l’Islam hors de ses frontières. Pour la première fois, nous avions des centres culturels à l’étranger, certes modestes encore, mais la valeur symbolique est déjà immense. Fort de notre âme retrouvée, nous pouvions avoir des relations décomplexées autant avec nos frères africains qu’avec notre espace culturel arabo-islamique. Nous pouvions prendre des positions propres à nous, indépendamment des autres, qu’ils soient africains, ou qu’ils soient arabes. Nous n’étions plus un trait d’union, écartelé entre deux tuteurs, fussent-ils nos parents. Nous avions désormais notre personnalité, notre caractère, devant la force desquels beaucoup ont appris à nous respecter, voire à nous estimer. Certains hommes politiques, quelques intellectuels, nostalgiques de la Mauritanie de leur jeunesse, de leur enfance, de leur première expérience – c’est à en croire qu’ils refusent eux-mêmes de grandir- continueront obstinément à soutenir que la Mauritanie doit revenir à sa situation de départ : le trait d’union. Bien sûr, cette lutte pour recouvrer notre identité ne s’est pas faite sans dommages. Nous avons, nous aussi, connu notre lot de dégâts collatéraux. L’arabisation s’est faite plus dans la quantité que dans la qualité, c’est irrécusable. La passion aussi dans laquelle s’est faite cette reprise en main de notre identité arabo-islamique, a donné naissance, c’est indéniable, à des extrémismes de toutes obédiences. Les tenants d’une Mauritanie, exclusivement blanche, ont essayé de tourner cette arabisation dans le sens de leur projet racial. Les idéologues d’une Mauritanie, typiquement négro-africaine, ont aussi trouvé, en cette arabisation, un argument de poids, dans leur projet sécessionniste. Entre les deux, un courant radical musulman fit, pour la première fois, son entrée. Tous ces mouvements, infiltrés dans tous les rouages militaires et civils de l’état, se sont livrés mutuellement une guerre sans merci, meurtrière des fois hélas, chaque courant politique ayant ses commanditaires étrangers. Aucun pays au monde ne s’est jamais libéré du joug extérieur sans en payer chèrement le prix. Et la Mauritanie n’a pu déroger à cette règle, ô combien impitoyable. Tous ces excès donc, étaient la rançon à payer, pour que notre pays redevienne lui-même. Mais aujourd’hui, que notre identité ne nous est plus contestée, que les dangers de notre aliénation se sont éloignés, nous devons revenir, pour réparer, sereinement, les erreurs qui, inévitablement, ont été commises. D’abord réparer les injustices d’ordre humanitaire. Ensuite revoir l’arabisation, pour qu’elle se fasse désormais en qualité et non plus seulement en quantité. L’urgence et l’extrême nécessité dans laquelle s’est faite cette arabisation ne nous donna pas d’autres choix que de privilégier la quantité sur la qualité. Maintenant que cette arabisation est définitivement acquise, qu’elle n’est plus réversible, nous pouvons, sans plus de crainte, revoir son enseignement. Nos autres langues nationales doivent aussi être introduites dans les écoles. La transcription de celles-ci, qui avait constitué un obstacle majeur pour son enseignement au début, peut, aujourd’hui, que nos populations négro-africaine se sont libérées de l’omnipotence du français, se faire sans grosse réticence, dans notre alphabet national, comme c’était le cas avant la colonisation. Même si une poignée d’irréductibles continue à en réclamer la transcription en alphabet étranger. Ces irréductibles complexés, fossoyeurs d’histoire, qui, s’ils en avaient le loisir, transcrirait même la langue arabe en caractère latin, sont des marginaux que personne n’écoute plus. Notre composante négro-africaine, a compris pour sa part, qu’il n’y aucun complexe à parler et écrire en arabe, dans un pays, qui est le leur à part entière, dont la culture est arabo-islamique. Une élite intellectuelle négro-africaine mauritanienne, totalement décomplexée, s’exprime désormais sans difficulté aucune, en arabe, car le vrai complexe c’est s’exprimer dans son pays dans une langue qui n’est ni celle de ses parents, ni celle de son milieu culturel. L’enseignement de l’Islam aussi, doit être fait dans nos traditions séculaires, d’ouverture et de tolérance absolue, en en excluant tout prosélytisme étroit. Maintenant aussi que la langue arabe est définitivement réhabilitée, l’on peut se remettre aux langues étrangères, sans craindre aucune aliénation. La France avait mal mesuré et mal compris la profondeur du malaise dû à la marginalisation de la langue arabe en Mauritanie, et avait assimilé l’arabisation entreprise par les autorités à de la francophobie caractérisée. Elle s’était comportée, en conséquence, fort hostilement à notre égard. Depuis que le français est réintroduit, pour l’enseignement des matières scientifiques, que les Alliances Françaises fleurissent, la France a compris que ce que nous voulions ce n’est pas chasser sine die le français, mais seulement réhabiliter notre langue et notre culture, en somme, préserver notre exception culturelle à nous. Depuis, elle est revenue à des sentiments plus amen envers notre pays. Elle a abandonné son paternalisme et sa possessivité maladive qui l’ont aveuglée jusque là. Elle a compris que nous voulions rester un pays francophone, mais refusions résolument d’être un pays franco-africain. La France n’a plus aucun mal à considérer que la langue française est une langue étrangère en Mauritanie, qu’elle n’est ni notre langue officielle, encore moins, notre langue nationale. Pour la première foi, elle commence, comme d’autres puissances occidentales, à nous entretenir, sans faux semblant, dans notre langue. Elle nous envoie des diplomates arabophones, nous reconnaît notre personnalité et notre identité propre. Nous n’en demandions pas plus. Quand le Président Mokhtar Ould Daddah accède au pouvoir, en tant que Président de la République, en 1960, personne ne pensait qu’il pouvait imposer l’indépendance de la Mauritanie, face aux revendications de voisins puissants. Personne ne croyait qu’il pouvait ériger les bases d’un état nation à partir de rien. Rien ne prédisposait cet homme tranquille, jovial, conciliant, doux, à tant de combativité, de persévérance, de détermination. Mokhtar n’eut qu’un seul combat, une seule obsession ; imposer la Mauritanie indépendante, et il y réussit admirablement. Toutes ses erreurs, après cela, demeurent pardonnables. Un homme ne pouvant mener qu’un seul combat à la fois, Mokhtar avait choisi le plus grand de tous. La Mauritanie lui en sera à jamais reconnaissante. C’est aux hommes qui l’entouraient, son équipe, qu’incombaient les autres combats, de moindre importance. Et s’il y a eu des échecs, c’est, à ces hommes qu’ils incombent, car Mokhtar lui avait parfaitement accompli son oeuvre. Autant Mokhtar fut le père de l’indépendance, autant Ould Taya fut incontestablement le père de la souveraineté, de l’identité retrouvée de la Mauritanie. Comme Ould Daddah, Ould Taya n’eut à son tour qu’un combat : celui de réhabiliter l’identité arabo-islamique de la Mauritanie, et partant, sa pleine souveraineté. Comme Ould Daddah, il fut obnubilé par son combat, le seul pour lequel le peuple mauritanien et l’histoire sont en droit de le juger. Comme Mokhtar, lui aussi est arrivé au pouvoir presque par hasard, et personne ne lui prêtait la capacité de faire face à plus puissants que lui. Timide, réservé, fuyant même, personne ne le créditait d’une quelconque capacité, à affronter les grands défis qui se profilaient. Comme Ould Daddah, il en époustoufla plus d’un, à commencer par l’ancienne puissance coloniale elle-même, qui avait commencé, au début à ne voir en lui que l’officier francophone, formé dans les écoles françaises, ne parlant que français, marié à une étrangère francophone, et tout à fait prédisposé à servir les intérêts français. Vingt ans plus tard, la Mauritanie était complètement sortie du giron français. Elle avait retrouvé sa langue et son identité culturelle propre. Elle prenait souverainement les décisions qui servent les intérêts de son peuple, sans en référer, ni à un père, ni un frère, ni un ami. Aujourd’hui, force est de constater que Ould Taya a lui aussi, gagné son combat, le seul qui lui soit propre, le seul qu’il devait remporter pour la Mauritanie. Les autres combats perdus sont ceux de son entourage, et les échecs, là aussi, ne seront jamais que les échecs des hommes auxquels ils étaient dévolus. Des adversaires de Ould Taya ont pris prétexte des relations avec Israël pour dire qu’il avait aliéné l’identité arabe de la Mauritanie. D’autres ont pris prétexte des lois organisant les mosquées, pour dire que Ould Taya avait aliéné la vocation islamique de la Mauritanie. D’autres enfin ont pris comme prétexte la sortie de la Mauritanie de la CEDEAO pour dire que Ould Taya avait sorti la Mauritanie de son milieu africain. C’était de bonne guerre, et le combat politique peut faire dire tout et n’importe quoi. Mais aujourd’hui que Ould Taya n’est plus là, l’on doit reconnaître que jamais la Mauritanie n’a été plus arabe que sous son règne. Aujourd’hui que Ould Taya n’est plus là, nous devons reconnaître que l’Islam est religion d’état, pour la première fois, dans l’histoire du pays, que pour la première fois, il y a un haut conseil islamique, un institut des Awqafs, que les mosquées, les imams, les Mahadras, les centres et instituts islamiques, sont entièrement financés par l’état. Aujourd’hui que Ould Taya n’est plus là, nous devons reconnaître, que nous entretenons, des relations avec tous les pays africains sans exception, et ce, ne fut guère le cas par le passé. Jamais une crise, quelle qu’en soit la gravité, n’a poussé la Mauritanie, sous Ould Taya, à couper ses relations diplomatiques avec un pays frère africain. Cela pourtant, arrivait assez facilement avant. Mokhtar Ould Daddah a bâti l’indépendance de la Mauritanie, mais Ould Taya n’a pas continué son action ; Ould Taya l’a complétée. Si Ould Taya avait continué la politique de Ould Daddah, il n’en aurait pas été le digne héritier. Pour être l’héritier de Ould Daddah, il ne faut être ni son fils, ni son frère, ni son ami. Pour être l’héritier de Ould Daddah, il ne faut pas continuer sa politique ; il faut compléter son œuvre. Pour être le digne héritier de Mokhtar Ould Daddah, il faut donner à la Mauritanie sa pleine souveraineté, réhabiliter son identité arabo-islamique perdue, faire respecter la Mauritanie de tous, sinon l’indépendance chèrement acquise par le fondateur n’aura à la fin servi à rien, sinon peut-être à manger et à boire.
Il restera, de la responsabilité de leurs successeurs,le devoir de maintenir les acquis, et celui, à leur tours,de mériter les hommages de la Mauritanie. Condamner les autres, ne me parait pas être une action suffisante, ou constructive en elle-même . Un appendice s’impose. Mohameden O/ Sidi O/ Ebiery

vendredi, août 11, 2006

Transition Mauritanienne du 08 juin 2003 au 03 août 2006

« Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues » Adolf Hitler

Cette citation, d’un autre âge, pourrait tout à fait s’appliquer aux discours du président du CMJD. Il l’a fait sienne partout ,dans ses conférences de presse, ses sorties médiatiques intempestives, au palais des congrès, dans ses tournées, dans ses campagnes. Hitler s’était limité à dire des choses stupides. Ely est passée à l’acte. Rien n’illustre mieux cet esprit que l’interview accordée, ou plus exactement commandée, à son hebdomadaire préféré Jeune Afrique, et que ce dernier publie dans son numéro 2376 du 23 juillet 2006, avec photo en couverture et un titre qui dit bien « Tout a changé sauf moi ».

Je crois que là, pour une fois, on peut le prendre au mot, notre président. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup changé, ou si peu. Il a juste un palais et un bureau plus grands que ceux d’à côté. Il ne rend plus compte qu’à lui-même. Il a tout le budget de la république pour lui tout seul, sans Deddahi dans les environs pour lui en disputer quelques miettes. De quoi donc monter de très bonnes mises en scène comme il les aime. Et il n’a pas perdu son temps notre James Bond. Il se découvre dès le matin du 03 08 même, où il fait croire à l’armée qu’il est en train de déjouer un coup d’état.

Crédules, les militaires se laissent faire, et lui obéissent comme s’il était le chef de l’état en personne. Mal leur en prit. Il se rendent compte trop tard, que le coup d’état en question était contre eux. Ils ont le choix entre la soumission ou le bain de sang. Les commandements obtempèrent l’un après l’autre. Mais l’armée n’est pas au bout de ses surprises pour autant. Elle qui s’était rendue pour ne pas rééditer le massacre du 08 juin, voit Ely, une fois au trône, dire que c’est lui qui a évité un carnage au pays. C’est que le grand moustachu a une devise en or: les autres jouent, mais c’est moi qui gagne. Les cavaliers du changement l’ont appris à leurs dépens.

Le matin du 08 juin, Ely était introuvable, injoignable. D’aucuns disent qu’il était au courant depuis plusieurs semaines du coup d’état qui se tramait , qu’il a laissé faire, qu’il l’aurait même favorisé. Il s’est éclipsé alors et suivait de loin la tournure des évènements. Dans tous les cas il se savait gagnant... Si le coup réussissait, il rejoignait les jeunes commandants rebelles, qui manquaient d’un haut gradé pour légitimer leur action aux yeux de leurs compagnons d’armes. Ely serait alors le sauveur qui a précipité la chute du tyran. Et si le coup d’état échouait, Ely savait à quel moment surgir dans l’autre camps pour reprendre sa place dans le dispositif. La dernière hypothèse fut la bonne.

Le soir du 08 juin Ould.Taya se trouvait à l’état major de la garde en train de diriger les opérations et n’arrêtait pas de demander à son fidèle aide de camp, le colonel Mohamed Ould Abdi de la tribu Oulad Nacer (la même que celle de Hanenna) de lui trouver Ely. Soudain vers 18 heures, alors que le putsch était déjoué, le portable de l’aide camps sonne. Ely est au bout du fil, et demande le président. L’aide de camp ne veut pas donner la position du président, selon les consignes de sécurité. S’engage alors une discussion plus ou moins rehaussée. Le président, qui écoutait, demande à son aide de camp : qui est à l’appareil ? celui-ci répond courtoisement que c’est Ely. Le président lui fait signe de lui passer la communication.

La première chose qu’Ely annonce alors à son chef c’est que celui-ci est assis au milieu même des putschistes, car lui dit-il, le coup d’état est dirigée par la tribu des Oulad nacer, celle-là même dont est issu votre propre aide de camp, et vous devez tout faire pour sortir de là où vous vous trouvez Mr le président. Ould Taya lève alors les yeux vers son aide camps, et le colonel Misgharou à ses côtés, cousin lui aussi de Hanena. Il n’arrêtera plus de les fixer du regard, tout en écoutant son fidèle Ely au téléphone. C’était le début de la disgrâce pour toute une tribu.

Dès cet instant Ely avait commencé a récupérer le 08 juin. C’était lui qui avait sauvé la république. Il en avait convaincu Ould Taya. C’était le début de la véritable transition ; celle qui mènera vers le 03 Août. Les auteurs du 08 juin ont joué. Ils ont perdu, c’est Ely qui gagne (Ely gagnera encore une dernière fois le 03 Août face aux gamins du 08 juin. Il les libérera sans frais, leur donnera un parti pour qu’ils fassent joujou avec, et il les transformera en agneaux politiques inoffensifs, bêlant avec le reste du troupeaux). La transition vers le trois août commence par le ménage autour de Ould Taya lui-même. Il fallait faire le vide autour de lui et Ely ne s’y est pas pris par quatre chemins. Il s’applique d’abord à le séparer de l’un de ses plus fidèles soutiens ; la tribu Oulad Nacer, qu’il dégommera minutieusement de tous les postes d’importance.

Cela commence par l’aide de camp bien sûr, puis le gouverneur de Nouadhibou Ould Rzeizim fidèle parmi les fidèles de Ould Taya (vendu par Ould Adda, homme à tout faire d’Ely), en passant par la ministre Mintata Mint Hedeid, le Président de la cour suprême, les directeurs, les hauts cadres, sans parler bien entendu des militaires. Ely ainsi faisait d’une pierre deux coups. D’une part, il coupait Ould taya de ses soutiens traditionnels, en le mettant à mal avec l’une des tribus qui lui sont les plus indéfectibles, mais à travers elle, ce sont toutes les régions de l’Est qu’il réussit à monter contre le président. Ensuite Ely fait ainsi habilement de la place aux siens, en se débarrassant des Oulad Nacer qui étaient les principaux rivaux des Oulad Bousbaa dans la proximité immédiate de Ould Taya. Tous les autres proches quelque soit leur appartenance tribale ou régionale ont été soigneusement évincés.

La tribu d’Ely était désormais seule autour du président (Le directeur de la sûreté, le directeur du cabinet présidentiel, la garde présidentielle, la directrice du cabinet de la première dame, le patronnat, la chambre de commerce, les hommes de confiance, voire les serveurs et cuisiniers, tous étaient Oulad bousbaa). Une fois cette aparté présidentielle assurée, Ely avait encore à monter l’opinion contre Ould Taya. Rien de plus simple pour notre grand Moustachu. Les élections présidentielles approchant, il commence par inventer un complot, pour mettre en prison le candidat le plus en vue ainsi que tout son staff (je cite Haidalla). Ould Taya insistera tout de même pour qu’il ne soit privé de son droit de vote. C’est tout ce qu’il a pu obtenir de son puissant directeur des renseignements, signe, s’il en est, que Ould Taya ne dirigeait déjà plus.

Depuis juin 2003, Ely était le véritable régent de la république. Tout ce que le président entreprend dès ce moment est systématiquement saboté par Ely. La lutte contre la corruption, contre la pauvreté, contre la mauvaise gestion, l’analphabétisme, la campagne du livre. Toute ces bonnes idées sont tournées en une énorme mascarade par Ely lui-même, transformées en autant d’occasions de faire allégeance, sinon gare aux BR d’Ely qui font et défont les carrières.

Ensuite, Ely s’en prend à la mouvance islamiste. Pas n’importe lesquels, il vise en premier les uléma, subsidiairement quelques salafistes notoires, pour créer l’amalgame. Le but là encore est double. D’un côté il vise l’opinion publique nationale, très attachée comme tout le monde sait à ses ulémas, mais il veut aussi provoquer la réaction des plus durs parmi les plus dures ; autrement dit les djihadistes. Ces arrestations, couplées avec la torture, qu’on s’arrange par tous les moyens à passer dans la presse avec photos à l’appui, ainsi que des violences policières dont été victimes des personnes, pour la simple raison de porter des vêtements « inaccomodants », tout cela associé à des incursions musclées de la police, dans les mosquées, pour arrêter des imams en pleine prière.

Tout cela donc, participait à un appel délibéré à l’attaque terroriste. Attaque qui finit par se produire à Lemgheyti, dirigée par Belaouar en personne, qui fit une vingtaine de morts et autant de blessés. Ely n’en espérait pas tant, il était littéralement aux anges. Cette attaque est l’occasion de nouvelles arrestations, et autant de tortures et d’exactions. Ely en profite, pour noyauter le GSPC par un de ses cousins du nom de Ould Semane. Celui-ci fournit les renseignements qu’il faut à son cousin Moustachu, et ce dernier peut s’en prévaloir auprès de Ould Taya. Plus tard Ely s’arrangera pour faire évader de prison sa taupe de cousin, après que celui-ci ait livré ses camarades restés en détention.Deux ou trois autres dossiers font l’objet d’une attention particulière, et sont savamment agités depuis l’étranger par des agents notoirement au service d’Ely, et cela se saura clairement après le 03 Août. L’un est destiné à l’opinion publique arabe, les autre à couper Ould Taya de ses soutiens occidentaux, accessoirement le brouiller avec les africains. Il s’agit des relations avec Israel, le dossier des réfugiés, et la question de l’esclavage. Ould Taya était donc mûr pour le 03 Août, ou plus précisément pour l’inauguration de l’aéroport de Néma, prèvue le 24 du même mois, car c’est à cette date que le 03 Août devait avoir lieu. Tout absolument était prévu. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un génocide, avec le massacre de toute la délégation présidentielle au programme. Tout serait mis sur le compte de Belaouar encore une fois. Ould Taya ne doit aujourd’hui d’être en vie qu’à la seule Baraka divine, qui finalement, il faut le croire, ne l’a jamais abandonnée.

Advint le 03 Août, et Oedipe tua son père. Une seule chose a changé : Ould Taya est parti et n’est plus revenu, comme titre un célèbre feuilleton arabe, Kharaja welem ya’oud. Ely lui n’a pas changé, comme il l’atteste à son journal jaune : il continue a monter des scénarios. Il commence par expliquer que ce qu’il fait n’est pas un coup d’état mais un simple redressement. C’est à peine s’il ne dit que son coup d’état était inscrit dans la constitution, elle-même, et qu’il n’a, à ce titre, rien à se reprocher. Mais Ely connaît son auditoire. Il parle à des politiciens auxquels il suffit de promettre la présidence pour les voir tomber raides inanimés. Ces politiciens sont des dirigeants de partis, des fois des chefs d’organisations civiles, des fois des avocats, des fois des journalistes, des fois chefs traditionnels ou religieux ;mais ils ont tous un point commun : l’amour irrésistible des sièges vides. Et justement Ely leur fait croire que le siège qu’il occupe est vide- ce qui du reste n’est pas tout à fait faux- et qu’il y a beaucoup d’autres sièges vides à remplir pendant et après la transition.Pour l’heure, il avait besoin de leur aide, pour faire agréer son coup par la communauté nationale et internationale. Le silence politique est total. Il est même assourdissant.

S’ensuit alors un incroyable carnaval, à l’usage des délégations étrangères, venues s’enquérir de la situation. Carnaval dont, sont soigneusement écartés, ceux qui ne sont pas de la partition. Le premier acte de la mise en scène peut s’exécuter. Haro sur Ould Taya. La mauvaise gestion de l’économie, c’est lui. Les atteintes graves aux libertés, c’est lui. Les coups d’état, c’est lui. La guerre du Sahara, c’est lui. La fraude aux élections, c’est lui. Les détournements, la déliquescence des services de l’état, c’est lui. Les emprisonnements, les exactions au sein de l’armée, et les purges, c’est lui. Le passif humanitaire, c’est lui. Les relations avec Israël, c’est lui. La perte des valeurs, la police décadente, c’est lui. Les magouilles et les pots de vins, c’est lui. L’esclavage, le sous-développement, le sida, c’est lui. La sécheresse, c’est lui. La délinquance, l’insécurité, l’alcool, la drogue, le blanchiment d’argent, c’est lui. Tevragh-Zeina, les belles voitures, les belles villas, c’est lui. Les bas salaires, les prix, c’est lui. Les troupeaux de chameaux, c’est lui. Les chèvres, les ânes, les chiens, qui déambulent en ville, c’est lui. Les ordures, c’est lui. Enfin bref, Ould taya n’existerait pas qu’on devrait tout simplement l’inventer. Une personne, une seule, qui fait tout cela à la fois, reconnaissons-le au moins, est tout sauf ordinaire. Ely a trouvé le filon. Tout ce qui marche c’est moi. Tout ce qui ne marche pas c’est lui. Mais le problème justement c’est que rien marche plus, même ce qui marchait avant sur la tête, comme a dit Ely à son confident François Soudan. Là aussi Ely a trouvé la sinécure. Cela ne fait rien que rien ne marche plus, l’important est de faire croire. Et là, rien de tel que les mises en scène ,médiatiques cette fois. Ely découvre les médias, à sa manière. Celle d’un grand marionnettiste de l’ombre. Et il arrive à leur faire faire tout ce qu’il veut ou presque.Cela commence d’abord par faire croire que tout le monde soutient. Des défilés de quelques centaines de personnes tout au plus sont présentés comme des déferlantes humaines, les gros plans de TVM aidant. L’article 104 de la constitution est glissé dans la nouvelle constitution sous un autre numéro, et le voilà disparu . Les infrastructures laissées par l’ancien sont inaugurées par le nouveau, lors de ses visites. On s’abstient bien de mentionner qu’elles ne datent pas d’aujourd’hui, toujours pour faire croire. La dette n’est pas annulée, c’est la faute de l’autre. Quant elle est annulée, c’est grâce aux grandes Moustaches bénites d’Ely. Même si la Mauritanie a figuré sur la liste des pays bénéficiaires bien avant le trois Août, et bien après que la Banque Mondiale ait pris connaissance des prétendus faux chiffres. Elle aurait pu, ne pas nous intégrer à sa liste dès le départ, si les faux chiffres étaient la vraie raison de son refus soudain d’annuler.La vérité, c’est que Ould Taya avait réussi à se libérer du joug de la BM, parce qu’il avait compris, qu’aucun pays au monde, ne s’est jamais développé grâce aux financements de cette institution. Il avait compris que le développement passe par l’investissement privé étranger, et que c’est celui-là qu’il faut attirer. Et il avait réussi à l’attirer cet oiseau rare. Plus d’un milliard de dollars d’investissements privés étaient aux portes du pays, à la veille du 03 Août. On ne trouvait plus de places dans les hôtels, plus de villas à louer. Les avions étaient bondés d’hommes d’affaires étrangers. La BM le savait et faisait profil bas avec O.Taya. Depuis le 03 Août, il faut user de force-persuasion, pour amener un investisseur étranger à passer quelques heures en Mauritanie. C’est que les capitaux privés, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne craignent rien plus que les coups d’état. C’est vrai que nous sommes revenus dans les faveurs de la BM aujourd’hui, si tant est que cela est un motif de fierté, ou un gage d’avenir meilleur. Nous avons perdu plus d’un milliard de dollars en espèces sonnantes et trébuchantes de fonds privés gratuits. En contre partie nous avons épongé 830 millions de dettes déjà consommées, et qu’il nous faudra contracter à nouveau. Autant la BM n’insistait pas avec O.taya, parce qu’elle savait qu’il avait d’autres recours, autant elle était pointilleuse avec Ely, parce qu’elle sait qu’il n’a pas d’autres le choix.Pour la petite histoire, la BM accorde aussi des prêts à la Corée du nord, la Birmanie, la Mongolie, qui ne sont pas des modèles de démocratie ou de bonne gouvernance. Mais qu’à cela ne tienne. Ely voulait tirer sur l’autre, et il l’a fait, chiffres à l’appui. C’était suffisant pour que notre nouvel asservissement à Bretton-Woods soit présenté comme une victoire, l’équivalent de notre nouveau jour de libération nationale. C’est à peine, si on a pas organisé une cérémonie de levée des couleurs, suivie d’une retraite au flambeau pour cette grande date historique.Ely n’oublie pas de faire dire à ces ministres que le cours de notre monnaie nationale est remonté à cause du 03 Août et ses chiffres vrais. Essayant de cacher que de nouveaux billets de banques avaient été mis en circulation, en remplacement des anciens, quelques mois seulement avant le 03 Août, et que c’était une recommandation des experts, dont ceux de la BM, pour stopper la chute de la valeur de l’ouguiya. La coïncidence c’est que le 03 Août est survenu juste au moment où cette mesure commençait à porter ses fruits. Mais la mise en scène continue.Arrive le tour de Woodside, qui est le seul opérateur privé étranger qui ait investi substantiellement dans notre pays depuis notre indépendance. Ely a le couteau à la gorge, à cause de son isolement international, et manque cruellement de sous pour financer sa super production de l’été. Il demande à Woodside de lui verser 100 millions de dollars. Woodside finit sous la contrainte par accepter un accord. Elle lui versera les 100 millions demandés, mais en contrepartie, elle arguera de problèmes techniques qui l’obligent à baisser sa production de moitié, le temps pour elle de recouvrer les 100 millions versés, en récupérant notamment, par des voies quelle est seule à maîtriser, la moitié de production non déclarée. Une des astuces de Woodside est d’envoyer des tankers entiers sous forme d’échantillons. Elle a déjà envoyé, à ce jour, trois ou quatre cargaisons de ce type, dont la valeur dépasse largement le bonus versé. Mais Ely n’en a rien à faire, il voulait les 100 millions et il les a obtenu. Là aussi, on ne manqua pas de célébrer une grande victoire sur l’ancien.Le haro continue. Vient le tour des accords de pêche. Ely veut jouer les durs, sans en avoir les moyens. Il commence à dicter à l’UE ses conditions. Celle-ci prend son temps, elle en a vu d’autres. Le temps passe et Ely est pressé. Il finit par comprendre qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de ce côté-là. Les accords sont finalement reconduits à la virgule prêt, ou peu s’en faut. L’UE fait pêcher 20 bateaux de plus sans contrepartie. Mais Ely n’en a cure, il joue les chiffres, et c’est tout ce qui lui importe ; annoncer des chiffres plus grands que l’ancien. La victoire là aussi fut folklorique.Entre-temps, Ely passait d’autres licences, pour son compte celles-là, mais toujours pour faire croire. Licences privées cette fois. La recherche pétrolière, les mines, les télécommunications. Là, on veut faire croire que des investisseurs étrangers accourent, grâce au coup d’état miraculeux du 03 Août. Un conseil de ministre sur deux est consacré à distribuer des licences, céder des terrains à BSA, parrain du 03 Août, cousin d’Ely, et argentier de la tribu. Des permis de recherche pleuvent sur BSA, et les partenaires étrangers de la tribu, quelques émirs et de bien douteux soudanais notamment. Enfin, Ely s’adjuge lui-même la troisième licence de téléphonie mobile, sans autre forme de procès. Tout cela dans la transition et la transparence la plus convenue. C’est bien sûr une victoire sur « roumouz el vessad » (comme aime à les appeler notre presse arabophone) c'est-à-dire les symboles du détournement, entendez la parenté de l’ancien président et tous les riches qui ne sont pas Oulad Bousbaa ou apparentés.De ce côté-là aussi, Ely n’a pas perdu de temps. Tout ce que compte l’appareil d’état comme cadre appartenant à la tribu de l’ancien est débarqué sans ménagement. Bien entendu il ne s’agit là d’aucun règlement compte parce qu’il faut quand même le croire notre grand moustachu. Les tribus ou régions soupçonnées de sympathie avec Ould Taya ou sa tribu font l’objet du même traitement, là aussi aucun règlement de compte rappelez vous-en. Depuis le 03 Août on a décompté plusieurs centaines de limogeages et licenciements, entre ministres, ambassadeurs, magistrats, directeurs, conseillers, chefs de services, et jusqu’aux simples employés, et on oublie les militaires. Et le ratissage continue. Aucune haine ne le sous-tend dites-le, vous bien. Tout cela, bien sûr, au nom de la bonne gouvernance. Cette même bonne gouvernance qui aura distribué à la fin des 20 mois de la transition un milliard d’ouguiya en salaires à dix sept colonels, sans compter toutes les autres petites choses que ces colonels s’arrogent eux-mêmes et à côté desquelles leurs salaires sont des misères tout juste bons à être distribués en pourboires.Depuis quelques mois, la chasse aux smassid et les sympathisants de l’ancien prend une forme plus ouverte. Les hommes d’affaires de cette frange sont systématiquement écartés des marchés juteux, ils sont l’objet de tracasseries, d’intimidations. Quelque fois des menaces, à peine voilées, leurs sont adressées. Un registre sur lequel Ely sait jouer à merveille, sans en donner l’air. C’est comme pour la torture et les exactions. Tous les torturés vous diront qu’Ely ne les a jamais torturés en personne, bien que tout le monde sait qu’aucun acte de ce genre ne se fait sans son ordre. D’ailleurs Ely n’a pas oublié de passer la consigne à la succession. Et ainsi des torturés, il y en a eu tellement depuis le 03 Août. Les derniers en date sont justement des parents de l’ancien président. On leur reproche d’avoir tenté un coup d’état. Ils ont été torturés sauvagement. Leur histoire, et le chef d’inculpation retenu contre eux, me rappelle une affaire qui avait défrayé la chronique ici, en France, dans le milieu des années quatre vingt. Il s’agit de trois maghrébins et deux africains qui ont été arrêtés pour un crime soi-disant abominable. Ils ont été retenus plusieurs jours à la police, puis déférés en justice. Devant le tribunal ont présenta l’arme du crime ; un coutelas. Puis, on présenta le corps du délit ; un mouton égorgé, conservé comme il se doit à la morgue. Puis on présenta les mobiles du crime ; cérémonie rituelle non reconnue, et acte de barbarie. Les pauvres avaient simplement égorgé un mouton dans leur maison, pour fêter l’Aid Elkébir. Ils ne pensaient pas que cela nécessitait une autorisation. Leur seul crime était d’avoir accompli leur devoir, comme tout bon musulman qui se respecte. Imaginez maintenant qu’on les ai conduit devant le tribunal sans le mouton sorti de la morgue, sans le coutelas, et sans même un témoin. Qu’on les juge tout simplement parce qu’on pense qu’ils ont pensé égorger un mouton. C’est pourtant ce qui est en train de se passer pour les cinq parents du président actuellement en prison. Et cela s’appelle la réforme de la justice, dans un grand manège appelé transition, dirigé par un grand marionnettiste de l’ombre appelé Ely Ould Mohammed Vall. Tournez manèges, Ely est toujours là, et il n’a pas changé.Mohamedene ould khatry

Transition Mauritanienne du 08 juin 2003 au 03 août 2006

Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues » Adolf Hitler
Cette citation, d’un autre âge, pourrait tout à fait s’appliquer aux discours du président du CMJD. Il l’a fait sienne partout ,dans ses conférences de presse, ses sorties médiatiques intempestives, au palais des congrès, dans ses tournées, dans ses campagnes. Hitler s’était limité à dire des choses stupides. Ely est passée à l’acte. Rien n’illustre mieux cet esprit que l’interview accordée, ou plus exactement commandée, à son hebdomadaire préféré Jeune Afrique, et que ce dernier publie dans son numéro 2376 du 23 juillet 2006, avec photo en couverture et un titre qui dit bien « Tout a changé sauf moi ».Je crois que là, pour une fois, on peut le prendre au mot, notre président. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup changé, ou si peu. Il a juste un palais et un bureau plus grands que ceux d’à côté. Il ne rend plus compte qu’à lui-même. Il a tout le budget de la république pour lui tout seul, sans Deddahi dans les environs pour lui en disputer quelques miettes. De quoi donc monter de très bonnes mises en scène comme il les aime. Et il n’a pas perdu son temps notre James Bond. Il se découvre dès le matin du 03 08 même, où il fait croire à l’armée qu’il est en train de déjouer un coup d’état.Crédules, les militaires se laissent faire, et lui obéissent comme s’il était le chef de l’état en personne. Mal leur en prit. Il se rendent compte trop tard, que le coup d’état en question était contre eux. Ils ont le choix entre la soumission ou le bain de sang. Les commandements obtempèrent l’un après l’autre. Mais l’armée n’est pas au bout de ses surprises pour autant. Elle qui s’était rendue pour ne pas rééditer le massacre du 08 juin, voit Ely, une fois au trône, dire que c’est lui qui a évité un carnage au pays. C’est que le grand moustachu a une devise en or: les autres jouent, mais c’est moi qui gagne. Les cavaliers du changement l’ont appris à leurs dépens.Le matin du 08 juin, Ely était introuvable, injoignable. D’aucuns disent qu’il était au courant depuis plusieurs semaines du coup d’état qui se tramait , qu’il a laissé faire, qu’il l’aurait même favorisé. Il s’est éclipsé alors et suivait de loin la tournure des évènements. Dans tous les cas il se savait gagnant... Si le coup réussissait, il rejoignait les jeunes commandants rebelles, qui manquaient d’un haut gradé pour légitimer leur action aux yeux de leurs compagnons d’armes. Ely serait alors le sauveur qui a précipité la chute du tyran. Et si le coup d’état échouait, Ely savait à quel moment surgir dans l’autre camps pour reprendre sa place dans le dispositif. La dernière hypothèse fut la bonne.Le soir du 08 juin Ould.Taya se trouvait à l’état major de la garde en train de diriger les opérations et n’arrêtait pas de demander à son fidèle aide de camp, le colonel Mohamed Ould Abdi de la tribu Oulad Nacer (la même que celle de Hanenna) de lui trouver Ely. Soudain vers 18 heures, alors que le putsch était déjoué, le portable de l’aide camps sonne. Ely est au bout du fil, et demande le président. L’aide de camp ne veut pas donner la position du président, selon les consignes de sécurité. S’engage alors une discussion plus ou moins rehaussée. Le président, qui écoutait, demande à son aide de camp : qui est à l’appareil ? celui-ci répond courtoisement que c’est Ely. Le président lui fait signe de lui passer la communication.La première chose qu’Ely annonce alors à son chef c’est que celui-ci est assis au milieu même des putschistes, car lui dit-il, le coup d’état est dirigée par la tribu des Oulad nacer, celle-là même dont est issu votre propre aide de camp, et vous devez tout faire pour sortir de là où vous vous trouvez Mr le président. Ould Taya lève alors les yeux vers son aide camps, et le colonel Misgharou à ses côtés, cousin lui aussi de Hanena. Il n’arrêtera plus de les fixer du regard, tout en écoutant son fidèle Ely au téléphone. C’était le début de la disgrâce pour toute une tribu. Dès cet instant Ely avait commencé a récupérer le 08 juin. C’était lui qui avait sauvé la république. Il en avait convaincu Ould Taya. C’était le début de la véritable transition ; celle qui mènera vers le 03 Août. Les auteurs du 08 juin ont joué. Ils ont perdu, c’est Ely qui gagne (Ely gagnera encore une dernière fois le 03 Août face aux gamins du 08 juin. Il les libérera sans frais, leur donnera un parti pour qu’ils fassent joujou avec, et il les transformera en agneaux politiques inoffensifs, bêlant avec le reste du troupeaux). La transition vers le trois août commence par le ménage autour de Ould Taya lui-même. Il fallait faire le vide autour de lui et Ely ne s’y est pas pris par quatre chemins. Il s’applique d’abord à le séparer de l’un de ses plus fidèles soutiens ; la tribu Oulad Nacer, qu’il dégommera minutieusement de tous les postes d’importance.Cela commence par l’aide de camp bien sûr, puis le gouverneur de Nouadhibou Ould Rzeizim fidèle parmi les fidèles de Ould Taya (vendu par Ould Adda, homme à tout faire d’Ely), en passant par la ministre Mintata Mint Hedeid, le Président de la cour suprême, les directeurs, les hauts cadres, sans parler bien entendu des militaires. Ely ainsi faisait d’une pierre deux coups. D’une part, il coupait Ould taya de ses soutiens traditionnels, en le mettant à mal avec l’une des tribus qui lui sont les plus indéfectibles, mais à travers elle, ce sont toutes les régions de l’Est qu’il réussit à monter contre le président. Ensuite Ely fait ainsi habilement de la place aux siens, en se débarrassant des Oulad Nacer qui étaient les principaux rivaux des Oulad Bousbaa dans la proximité immédiate de Ould Taya. Tous les autres proches quelque soit leur appartenance tribale ou régionale ont été soigneusement évincés. La tribu d’Ely était désormais seule autour du président (Le directeur de la sûreté, le directeur du cabinet présidentiel, la garde présidentielle, la directrice du cabinet de la première dame, le patronnat, la chambre de commerce, les hommes de confiance, voire les serveurs et cuisiniers, tous étaient Oulad bousbaa). Une fois cette aparté présidentielle assurée, Ely avait encore à monter l’opinion contre Ould Taya. Rien de plus simple pour notre grand Moustachu. Les élections présidentielles approchant, il commence par inventer un complot, pour mettre en prison le candidat le plus en vue ainsi que tout son staff (je cite Haidalla). Ould Taya insistera tout de même pour qu’il ne soit privé de son droit de vote. C’est tout ce qu’il a pu obtenir de son puissant directeur des renseignements, signe, s’il en est, que Ould Taya ne dirigeait déjà plus. Depuis juin 2003, Ely était le véritable régent de la république. Tout ce que le président entreprend dès ce moment est systématiquement saboté par Ely. La lutte contre la corruption, contre la pauvreté, contre la mauvaise gestion, l’analphabétisme, la campagne du livre. Toute ces bonnes idées sont tournées en une énorme mascarade par Ely lui-même, transformées en autant d’occasions de faire allégeance, sinon gare aux BR d’Ely qui font et défont les carrières.Ensuite, Ely s’en prend à la mouvance islamiste. Pas n’importe lesquels, il vise en premier les uléma, subsidiairement quelques salafistes notoires, pour créer l’amalgame. Le but là encore est double. D’un côté il vise l’opinion publique nationale, très attachée comme tout le monde sait à ses ulémas, mais il veut aussi provoquer la réaction des plus durs parmi les plus dures ; autrement dit les djihadistes. Ces arrestations, couplées avec la torture, qu’on s’arrange par tous les moyens à passer dans la presse avec photos à l’appui, ainsi que des violences policières dont été victimes des personnes, pour la simple raison de porter des vêtements « inaccomodants », tout cela associé à des incursions musclées de la police, dans les mosquées, pour arrêter des imams en pleine prière.Tout cela donc, participait à un appel délibéré à l’attaque terroriste. Attaque qui finit par se produire à Lemgheyti, dirigée par Belaouar en personne, qui fit une vingtaine de morts et autant de blessés. Ely n’en espérait pas tant, il était littéralement aux anges. Cette attaque est l’occasion de nouvelles arrestations, et autant de tortures et d’exactions. Ely en profite, pour noyauter le GSPC par un de ses cousins du nom de Ould Semane. Celui-ci fournit les renseignements qu’il faut à son cousin Moustachu, et ce dernier peut s’en prévaloir auprès de Ould Taya. Plus tard Ely s’arrangera pour faire évader de prison sa taupe de cousin, après que celui-ci ait livré ses camarades restés en détention.Deux ou trois autres dossiers font l’objet d’une attention particulière, et sont savamment agités depuis l’étranger par des agents notoirement au service d’Ely, et cela se saura clairement après le 03 Août. L’un est destiné à l’opinion publique arabe, les autre à couper Ould Taya de ses soutiens occidentaux, accessoirement le brouiller avec les africains. Il s’agit des relations avec Israel, le dossier des réfugiés, et la question de l’esclavage. Ould Taya était donc mûr pour le 03 Août, ou plus précisément pour l’inauguration de l’aéroport de Néma, prèvue le 24 du même mois, car c’est à cette date que le 03 Août devait avoir lieu. Tout absolument était prévu. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un génocide, avec le massacre de toute la délégation présidentielle au programme. Tout serait mis sur le compte de Belaouar encore une fois. Ould Taya ne doit aujourd’hui d’être en vie qu’à la seule Baraka divine, qui finalement, il faut le croire, ne l’a jamais abandonnée.Advint le 03 Août, et Oedipe tua son père. Une seule chose a changé : Ould Taya est parti et n’est plus revenu, comme titre un célèbre feuilleton arabe, Kharaja welem ya’oud. Ely lui n’a pas changé, comme il l’atteste à son journal jaune : il continue a monter des scénarios. Il commence par expliquer que ce qu’il fait n’est pas un coup d’état mais un simple redressement. C’est à peine s’il ne dit que son coup d’état était inscrit dans la constitution, elle-même, et qu’il n’a, à ce titre, rien à se reprocher. Mais Ely connaît son auditoire. Il parle à des politiciens auxquels il suffit de promettre la présidence pour les voir tomber raides inanimés. Ces politiciens sont des dirigeants de partis, des fois des chefs d’organisations civiles, des fois des avocats, des fois des journalistes, des fois chefs traditionnels ou religieux ;mais ils ont tous un point commun : l’amour irrésistible des sièges vides. Et justement Ely leur fait croire que le siège qu’il occupe est vide- ce qui du reste n’est pas tout à fait faux- et qu’il y a beaucoup d’autres sièges vides à remplir pendant et après la transition.Pour l’heure, il avait besoin de leur aide, pour faire agréer son coup par la communauté nationale et internationale. Le silence politique est total. Il est même assourdissant. S’ensuit alors un incroyable carnaval, à l’usage des délégations étrangères, venues s’enquérir de la situation. Carnaval dont, sont soigneusement écartés, ceux qui ne sont pas de la partition. Le premier acte de la mise en scène peut s’exécuter. Haro sur Ould Taya. La mauvaise gestion de l’économie, c’est lui. Les atteintes graves aux libertés, c’est lui. Les coups d’état, c’est lui. La guerre du Sahara, c’est lui. La fraude aux élections, c’est lui. Les détournements, la déliquescence des services de l’état, c’est lui. Les emprisonnements, les exactions au sein de l’armée, et les purges, c’est lui. Le passif humanitaire, c’est lui. Les relations avec Israël, c’est lui. La perte des valeurs, la police décadente, c’est lui. Les magouilles et les pots de vins, c’est lui. L’esclavage, le sous-développement, le sida, c’est lui. La sécheresse, c’est lui. La délinquance, l’insécurité, l’alcool, la drogue, le blanchiment d’argent, c’est lui. Tevragh-Zeina, les belles voitures, les belles villas, c’est lui. Les bas salaires, les prix, c’est lui. Les troupeaux de chameaux, c’est lui. Les chèvres, les ânes, les chiens, qui déambulent en ville, c’est lui. Les ordures, c’est lui. Enfin bref, Ould taya n’existerait pas qu’on devrait tout simplement l’inventer. Une personne, une seule, qui fait tout cela à la fois, reconnaissons-le au moins, est tout sauf ordinaire. Ely a trouvé le filon. Tout ce qui marche c’est moi. Tout ce qui ne marche pas c’est lui. Mais le problème justement c’est que rien marche plus, même ce qui marchait avant sur la tête, comme a dit Ely à son confident François Soudan. Là aussi Ely a trouvé la sinécure. Cela ne fait rien que rien ne marche plus, l’important est de faire croire. Et là, rien de tel que les mises en scène ,médiatiques cette fois. Ely découvre les médias, à sa manière. Celle d’un grand marionnettiste de l’ombre. Et il arrive à leur faire faire tout ce qu’il veut ou presque.Cela commence d’abord par faire croire que tout le monde soutient. Des défilés de quelques centaines de personnes tout au plus sont présentés comme des déferlantes humaines, les gros plans de TVM aidant. L’article 104 de la constitution est glissé dans la nouvelle constitution sous un autre numéro, et le voilà disparu . Les infrastructures laissées par l’ancien sont inaugurées par le nouveau, lors de ses visites. On s’abstient bien de mentionner qu’elles ne datent pas d’aujourd’hui, toujours pour faire croire. La dette n’est pas annulée, c’est la faute de l’autre. Quant elle est annulée, c’est grâce aux grandes Moustaches bénites d’Ely. Même si la Mauritanie a figuré sur la liste des pays bénéficiaires bien avant le trois Août, et bien après que la Banque Mondiale ait pris connaissance des prétendus faux chiffres. Elle aurait pu, ne pas nous intégrer à sa liste dès le départ, si les faux chiffres étaient la vraie raison de son refus soudain d’annuler.La vérité, c’est que Ould Taya avait réussi à se libérer du joug de la BM, parce qu’il avait compris, qu’aucun pays au monde, ne s’est jamais développé grâce aux financements de cette institution. Il avait compris que le développement passe par l’investissement privé étranger, et que c’est celui-là qu’il faut attirer. Et il avait réussi à l’attirer cet oiseau rare. Plus d’un milliard de dollars d’investissements privés étaient aux portes du pays, à la veille du 03 Août. On ne trouvait plus de places dans les hôtels, plus de villas à louer. Les avions étaient bondés d’hommes d’affaires étrangers. La BM le savait et faisait profil bas avec O.Taya. Depuis le 03 Août, il faut user de force-persuasion, pour amener un investisseur étranger à passer quelques heures en Mauritanie. C’est que les capitaux privés, qu’ils soient nationaux ou étrangers, ne craignent rien plus que les coups d’état. C’est vrai que nous sommes revenus dans les faveurs de la BM aujourd’hui, si tant est que cela est un motif de fierté, ou un gage d’avenir meilleur. Nous avons perdu plus d’un milliard de dollars en espèces sonnantes et trébuchantes de fonds privés gratuits. En contre partie nous avons épongé 830 millions de dettes déjà consommées, et qu’il nous faudra contracter à nouveau. Autant la BM n’insistait pas avec O.taya, parce qu’elle savait qu’il avait d’autres recours, autant elle était pointilleuse avec Ely, parce qu’elle sait qu’il n’a pas d’autres le choix.Pour la petite histoire, la BM accorde aussi des prêts à la Corée du nord, la Birmanie, la Mongolie, qui ne sont pas des modèles de démocratie ou de bonne gouvernance. Mais qu’à cela ne tienne. Ely voulait tirer sur l’autre, et il l’a fait, chiffres à l’appui. C’était suffisant pour que notre nouvel asservissement à Bretton-Woods soit présenté comme une victoire, l’équivalent de notre nouveau jour de libération nationale. C’est à peine, si on a pas organisé une cérémonie de levée des couleurs, suivie d’une retraite au flambeau pour cette grande date historique.Ely n’oublie pas de faire dire à ces ministres que le cours de notre monnaie nationale est remonté à cause du 03 Août et ses chiffres vrais. Essayant de cacher que de nouveaux billets de banques avaient été mis en circulation, en remplacement des anciens, quelques mois seulement avant le 03 Août, et que c’était une recommandation des experts, dont ceux de la BM, pour stopper la chute de la valeur de l’ouguiya. La coïncidence c’est que le 03 Août est survenu juste au moment où cette mesure commençait à porter ses fruits. Mais la mise en scène continue.Arrive le tour de Woodside, qui est le seul opérateur privé étranger qui ait investi substantiellement dans notre pays depuis notre indépendance. Ely a le couteau à la gorge, à cause de son isolement international, et manque cruellement de sous pour financer sa super production de l’été. Il demande à Woodside de lui verser 100 millions de dollars. Woodside finit sous la contrainte par accepter un accord. Elle lui versera les 100 millions demandés, mais en contrepartie, elle arguera de problèmes techniques qui l’obligent à baisser sa production de moitié, le temps pour elle de recouvrer les 100 millions versés, en récupérant notamment, par des voies quelle est seule à maîtriser, la moitié de production non déclarée. Une des astuces de Woodside est d’envoyer des tankers entiers sous forme d’échantillons. Elle a déjà envoyé, à ce jour, trois ou quatre cargaisons de ce type, dont la valeur dépasse largement le bonus versé. Mais Ely n’en a rien à faire, il voulait les 100 millions et il les a obtenu. Là aussi, on ne manqua pas de célébrer une grande victoire sur l’ancien.Le haro continue. Vient le tour des accords de pêche. Ely veut jouer les durs, sans en avoir les moyens. Il commence à dicter à l’UE ses conditions. Celle-ci prend son temps, elle en a vu d’autres. Le temps passe et Ely est pressé. Il finit par comprendre qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de ce côté-là. Les accords sont finalement reconduits à la virgule prêt, ou peu s’en faut. L’UE fait pêcher 20 bateaux de plus sans contrepartie. Mais Ely n’en a cure, il joue les chiffres, et c’est tout ce qui lui importe ; annoncer des chiffres plus grands que l’ancien. La victoire là aussi fut folklorique.Entre-temps, Ely passait d’autres licences, pour son compte celles-là, mais toujours pour faire croire. Licences privées cette fois. La recherche pétrolière, les mines, les télécommunications. Là, on veut faire croire que des investisseurs étrangers accourent, grâce au coup d’état miraculeux du 03 Août. Un conseil de ministre sur deux est consacré à distribuer des licences, céder des terrains à BSA, parrain du 03 Août, cousin d’Ely, et argentier de la tribu. Des permis de recherche pleuvent sur BSA, et les partenaires étrangers de la tribu, quelques émirs et de bien douteux soudanais notamment. Enfin, Ely s’adjuge lui-même la troisième licence de téléphonie mobile, sans autre forme de procès. Tout cela dans la transition et la transparence la plus convenue. C’est bien sûr une victoire sur « roumouz el vessad » (comme aime à les appeler notre presse arabophone) c'est-à-dire les symboles du détournement, entendez la parenté de l’ancien président et tous les riches qui ne sont pas Oulad Bousbaa ou apparentés.De ce côté-là aussi, Ely n’a pas perdu de temps. Tout ce que compte l’appareil d’état comme cadre appartenant à la tribu de l’ancien est débarqué sans ménagement. Bien entendu il ne s’agit là d’aucun règlement compte parce qu’il faut quand même le croire notre grand moustachu. Les tribus ou régions soupçonnées de sympathie avec Ould Taya ou sa tribu font l’objet du même traitement, là aussi aucun règlement de compte rappelez vous-en. Depuis le 03 Août on a décompté plusieurs centaines de limogeages et licenciements, entre ministres, ambassadeurs, magistrats, directeurs, conseillers, chefs de services, et jusqu’aux simples employés, et on oublie les militaires. Et le ratissage continue. Aucune haine ne le sous-tend dites-le, vous bien. Tout cela, bien sûr, au nom de la bonne gouvernance. Cette même bonne gouvernance qui aura distribué à la fin des 20 mois de la transition un milliard d’ouguiya en salaires à dix sept colonels, sans compter toutes les autres petites choses que ces colonels s’arrogent eux-mêmes et à côté desquelles leurs salaires sont des misères tout juste bons à être distribués en pourboires.Depuis quelques mois, la chasse aux smassid et les sympathisants de l’ancien prend une forme plus ouverte. Les hommes d’affaires de cette frange sont systématiquement écartés des marchés juteux, ils sont l’objet de tracasseries, d’intimidations. Quelque fois des menaces, à peine voilées, leurs sont adressées. Un registre sur lequel Ely sait jouer à merveille, sans en donner l’air. C’est comme pour la torture et les exactions. Tous les torturés vous diront qu’Ely ne les a jamais torturés en personne, bien que tout le monde sait qu’aucun acte de ce genre ne se fait sans son ordre. D’ailleurs Ely n’a pas oublié de passer la consigne à la succession. Et ainsi des torturés, il y en a eu tellement depuis le 03 Août. Les derniers en date sont justement des parents de l’ancien président. On leur reproche d’avoir tenté un coup d’état. Ils ont été torturés sauvagement. Leur histoire, et le chef d’inculpation retenu contre eux, me rappelle une affaire qui avait défrayé la chronique ici, en France, dans le milieu des années quatre vingt. Il s’agit de trois maghrébins et deux africains qui ont été arrêtés pour un crime soi-disant abominable. Ils ont été retenus plusieurs jours à la police, puis déférés en justice. Devant le tribunal ont présenta l’arme du crime ; un coutelas. Puis, on présenta le corps du délit ; un mouton égorgé, conservé comme il se doit à la morgue. Puis on présenta les mobiles du crime ; cérémonie rituelle non reconnue, et acte de barbarie. Les pauvres avaient simplement égorgé un mouton dans leur maison, pour fêter l’Aid Elkébir. Ils ne pensaient pas que cela nécessitait une autorisation. Leur seul crime était d’avoir accompli leur devoir, comme tout bon musulman qui se respecte. Imaginez maintenant qu’on les ai conduit devant le tribunal sans le mouton sorti de la morgue, sans le coutelas, et sans même un témoin. Qu’on les juge tout simplement parce qu’on pense qu’ils ont pensé égorger un mouton. C’est pourtant ce qui est en train de se passer pour les cinq parents du président actuellement en prison. Et cela s’appelle la réforme de la justice, dans un grand manège appelé transition, dirigé par un grand marionnettiste de l’ombre appelé Ely Ould Mohammed Vall. Tournez manèges, Ely est toujours là, et il n’a pas changé.Mohamedene ould khatry

vendredi, août 04, 2006

La seule issue

Il est vrai qu’en ce moment l’actualité au proche orient absorbe toute la concentration de toute personne honorable et libre. Car ce qui se passe là bas n’est rien d’autre que la preuve que le peuple libanais est à ce jour le seul peuple arabe, hormis le peuple palestinien, à aspirer à la liberté totale et irrévocable.

Pour cela les, le temps manque pour s’occuper du cirque de Nouakchott, où un conseil bidon autoproclamé est entrain de mettre à sac le pays en enfonçant son peuple meurtri dans la peur, la faim et la misère.

La presse mauritanienne et sa société « si vile» ont choisi le camp du mensonge en contrepartie de miettes que leur balance la junte criminelle qui s’est accaparé du sénat de la République Islamique de Mauritanie. A cet égard nous voyons partout des centaines de titre mais dont le contenu provient clairement de la même source de désinformation.

Le CMJD en d’autres mots cherche à travers ce vilain beau monde à simuler la satisfaction d’un peuple qu’il n’a pas pu obtenir. C’est l’arme de la démagogie que le CMJD utilise, pour saper la république.

Peuple tu es prévenu ces gens cherchent à t’induire en erreur. Soit souverain et exprimes toi clairement par les protestations, les marches et les ovations pour amener le CMJD à accélérer le processus de transition et à céder la place à des représentants de ton choix, et non des représentants qu’ils t’ont choisis.

C’est là la seule issue que nous avons.