Le caveau et moi

Les pouvoirs démocratiques dans les pays du tiers-monde, la Mauritanie ne faisant pas du tout exception, ont toujours eu le souci de rétablir les équilibres normaux des sociétés africaines dans le but d’assoire des conditions socioculturelles propices à leur développement. Les militaires mauritaniens ont suivi la règle. Parmi tant d’autres instruments, ils ont fabriqué cette élite locale qui, issue de le mémoire de l’Histoire, plantée, cultivée et cueillie dans le respect de la dignité humaine le plus absolue, et par la force d’un appui étatique d’ordre financier généreux et transparent, arrive à diffuser la culture appropriée à cette optique de développement. La culture de la tolérance, la culture de l’ordre, la culture de la promotion du savoir et de la compétence, la culture de la critique constructive, la culture de la vérité, la culture de la discrétion, la culture du réalisme, la culture de la rectitude des valeurs, la culture de l’encouragement de l’amour propre et de la fierté, bref, la culture de l’Etat, forment les principaux ingrédients de cet environnement attirant qui inonde le pays et en fait, fort heureusement, la façade.


Quand j’ai décidé, il y a de cela quelques années, de monter une tribune libre pour encourager les bienfaits des systèmes politiques de libertés, je savais parfaitement à quoi m’en tenir. Je savais que je serai amené à ne courir aucun risque mais je savais aussi que je ne ferai rien pour beaucoup d’hommes et de femmes libres de Mauritanie sachant que les fils de la république n’ont rien à apprendre de moi et de mes valeurs qu’ils connaissent et pratiquent. Cette dernière déception fut la plus difficile à assumer. Mais, que pouvais-je y faire ? Certainement pas grand-chose. Je pouvais seulement compter sur ma conviction que la droiture et la sincérité des gens libres a toujours triomphé.


Malgré tout cela je m’y suis lancé. Je me suis évidemment préparé et j’ai mis en place toutes les conditions techniques qui assureraient la sécurité optimale du projet.


Je savais tout autant que je ne serai pas inquiété, pas suivi, pas poursuivi et non recherché par toutes ses valeureuses personnalités de la République qui ont bien d’autres chats à fouetter. Je ne pensais, toutefois, pas que ce dossier serait confié à ceux qui, pendant leurs longues vies scolaires, n’ont jamais pu se décrocher du rang de premier de la classe. Ceux qui ont privilégié la voie de la vérité et qui, pour la cause, se sont armés de tout ce qui honore la race humaine, la crème de la société mauritanienne.


A tous ceux et à toutes celles qui, dans cette opération sensée, sont restés convaincus de l’inexistence de quelconque fondement de ce brouhaha du plus consistant groupe de la république, je dis MERCI.


Je suis toujours là, au moins autant convaincu de ma cause, notre cause, beaucoup plus motivé et déterminé à continuer et je continue.


Je suis cependant profondément déçu d’être amené, par la réalité des faits, à constater que les engins les plus efficaces de cette notable brigade qui, sous le règne démocratique du peuple, s’était érigée en dépositaire légitime de la marque publique, continuent, dans ce prétendu système de rupture avec ce même règne, de jouir des mêmes pouvoirs d’utilité. C’est quand même paradoxal ! Le paradoxe va au-delà de cette continuité et s’exprime, de façon beaucoup plus éloquente, à travers – et c’est là le véritable secours – la continuité des mêmes circuits de diffusion mis en place et développés à une époque que les mauritaniens, en toute naïveté, espèrent voir continuer.


Heureux est le constat que cette réalité met devant vous en dépit de toute la réticence à laquelle vous voulez, vous mauritaniens et mauritaniennes libres, vous accrochez sans vraiment pouvoir y arriver faute d’éléments concrets pouvant vous convaincre.


Le système égalitaire a-t-il, au lieu de disparaître comme on veut nous le faire croire, simplement organisé une intelligente diversion qui lui permettrait de prendre, en douceur, une efficace cure de rajeunissement pour préparer un retour en force ? J’ose espérer que ne je suis pas en train de faire erreur d’appréciation. Rien ne me ferait autant plaisir.


La République est déjà née et elle continuera. C’est ma conviction, c’est ma destinée. J’espère qu’Allah me donnera vie jusqu’à y assister. Après tout ça me concerne…